26 Septembre 2018
Dans ce dernier épisode autour de ma participation à l'ultratrail du Haut-koenigsbourg, il est important pour moi que vous découvriez également les coulisses de cette courses. Mais pas les coulisses autour de moi. Plutôt les coulisses dans la peau de mon assistance le jour J. Mon ami Matthieu m'a donc fait le plaisir de me raconter son expérience pour la partager avec vous. Je lui laisse donc la parole.
Il y a quelques mois, mon ami Jérémy me dit : « Je me suis inscrit sur un 108 km, j'aimerai bien une assistance durant la course ». Là, une voix m'a fait écrire : « Si tu veux, je peux faire ton assistance ».
Sans m'en rendre compte, à ce moment-là, je me suis fait embarquer dans l’aventure de l’ultra-trail du Haut-Koenigsbourg (UTHK). Cela va devenir notre sujet de discussion pour bien préparer la course et principalement les ravitos.
Je ne réalisais pas encore ma place dans cette course. Je pensais juste encourager Jérémy durant la course. Mais ma crainte était de tenir toute la nuit pour le voir à chaque point de rencontre.
C'est quelques jours avant mon départ que je réalise mon importance dans cette assistance.
J-1 avant la course
Je prends l'avion en direction de Strasbourg. Quand j’arrive, il fait 13° avec de la pluie et je me dis : « Oh punaise, la course va être difficile pour Jérémy ».
Jérémy passe me prendre et direction son appartement. Le soir, il me réserve un resto spécial poulet, un régal. On a bien mangé et on en a profité pour revoir quelques détails de la course.
Jour J
On fait une grasse matinée. On prend un bon petit déjeuner et on prépare les affaires pour la course. Quand je vois tous les sacs, je me dis : « On part en expédition ! ». On charge la voiture et c’est partie.
On prend la route vers 15h pour Kintzheim pour que Jérémy y retire son dossard. Mais avant cela, passage obligatoire à la vérification du matériel obligatoire.
Ensuite, on part sur la route pour repérer quelques points de rencontre pour ne pas que je me perde… En effet, la plus grosse partie de la course sera de nuit. Il sera difficile d’improviser sans avoir reconnu un minimum. Et nous terminons par la zone d’assistance 1 « Vosges Trotters ». Nous croisons des bénévoles sur le point. Ils sont super chaleureux, nous prenons un café avec eux et discutons de la course et de la région.
A 19h, on décide de repartir pour Kintzheim pour se reposer et manger avant le départ. Puis à 20 h 15, on prend la direction de la ligne de départ pour se mettre dans l'ambiance de la course. On ne se parle pas trop. Je lui dis : « Voilà, tu es prêt ! Tu as les jambes, la tête ! Sers toi des bonnes choses pour affronter la nuit. »
A 20 h 55, l'heure du départ arrive. On se fait une accolade et je remonte plus haut pour filmer le départ. J'entends Conquest of paradise, la musique de l’UTMB, et je me dis que ça va motiver Jérémy car il adore cette musique.
21h : Le départ
Ça part vite, Jeremy est dans le 2eme peloton. Il assure son départ.
Pour moi, direction la voiture et je vais au 1er point de rencontre. Je m'installe et attends son passage. Une équipe de la croix rouge arrive sur le point et on discute un peu et je vois arriver plusieurs voitures qui suivent les coureurs.
Des coureurs commencent à arriver et Jérémy arrive dans un groupe juste après les premiers coureurs. Je l'encourage et je repars au point 3 de rencontre en pleine forêt car le point 2 qui est le ravitaillement n'était pas praticable en voiture.
Quand j’arrive, il y avait déjà pas mal de voitures. Je me gare et j'attends le passage au ravito qui m'indiquera sur l'application dans combien de temps il devrait arriver. Du coup, je me pose dans la voiture avec un film sur l'ipad ! Eh oui faut bien s'occuper pour ne pas dormir.
L'application me dit qu'il est passé au château de Frankenbourg et selon mes calculs dans 10-15min il passerait devant moi.
15 min après Jérémy passe ! Bon, après coup, il ne m'avait pas reconnu…
Je reprends la route direction le 4ème point de rencontre avant la grosse assistance. J'arrive rapidement sur le point, je me dis qu'il faut que je dorme un peu j'avais 2h avant son passage.
Je me cale bien dans la voiture mais la température devient froide. Je continue à regarder mon film. Je vois certains coureurs passer et à un moment donné un coureur ouvre la porte de la voiture… C'était Jean-Philippe, un ami de Jérémy, on s'était vu au départ. Bon j'ai un peu flippé au début.
Suite à ça, Jérémy n'allait pas tarder. Je sors de la voiture et je l’attends à l'intersection. Je le vois arriver en marchant, il me dit qu'il en a marre de la nuit que ça commence à être difficile. Il voulait juste de l’eau pour changer de sa boisson Tailwind qu’il a réussi à avoir auprès de bénévoles. J'essaie de trouver les mots pour l'aider à se concentrer, je lui dis son classement (27ème) puis il repart.
Je prends la route pour le ravito assistance de Vosges Trotters. Sur la route, je croise des chevreuils. Je fais attention à ne pas m'en prendre un qui me couperai la route.
Une fois au point, je vais vers les feux que les bénévoles avaient fait pour me réchauffer un peu. Au vu de l'heure, je me dis que j'ai environ 1h avant que Jérémy arrive. Je repars donc à la voiture pour me poser un peu. Je m'installe et mon téléphone sonne, c'est Jérémy ! Il me dit : « T’es où ? Je suis là ! ». Un gros coup de panique et je me dépêche. Je lui dis : « Mais t’as mis un coup de boost. » Et il me répond sereinement qu'au dernier point de rencontre il a été sur motivé. Quand on regarde le classement il était à la 21ème place. On aurait dit qu'il faisait une seconde course. Il se change et repart directement.
Il est 3 h 30 et je file au ravito de Hasenclever. La fatigue commence à se faire sentir. Je me pose vers 4 h au point de rencontre et il fait 7 degrés.
Je vois Jérémy arriver sur la 1ère boucle de ce passage de course. Il était super motivé et en bonne forme. Je reste pour le second passage. Je vois que ça le motive.
Je tente de dormir un peu pour tenir jusque la fin de la course. Je me dis que Jérémy doit arriver environ 30 min. Jérémy en avait pour 1 h 30 de course avant le prochain passage d’après les estimations.
Je vois le temps défiler et pas de Jérémy. Je commence à m’inquiéter. Je vois certains coureurs qui se trouvaient derrière Jérémy. Mais gros bug, impossible d'avoir du réseau où je me trouve et je suis sans nouvelle de Jérémy
.
Je sors de la voiture pour trouver du réseau. Je vois un appel de Jérémy et un message : « J'ai plus de jus ». J'appelle sa femme pour savoir si elle a des nouvelles. Avec le réseau pourri j'entends qu’il est blessé au genou ! Et là, ni une ni deux, je monte au ravito pour le voir.
Je le croise quand il sort du sentier. Je vois ça tête et le sel sur son visage. Je me doute qu'il a pleuré et je me dis la course est finie.
Je discute avec lui, il me dit que c’est impossible pour lui de courir ni dans les descentes ni dans les montées… il avait déjà pris sa décision d’arrêter la course.
On voit le médecin de la course déjà présent pour d’autres blessés qui confirme que le genou est HS, un morceau de cartilage qui a dû se décrocher et qu'il faut du repos. L’arrivée est bien trop loin pour se permettre d’aller jusqu’au bout sans aggraver la situation.
Jérémy met fin à sa course au 74ème km, il était 17ème au classement.
On a repris la route pour rentrer à la maison et nous reposer. Jeremy a un mental de fou car il est prêt à abandonner sans être triste, déprimé…
En tous cas je suis fier de lui, c'était une aventure extraordinaire. Je suis heureux de l'avoir partagée avec lui.
C'est ainsi que se termine mon aventure autour de l'UTHK... Dernier article de récit autour de cette première expérience en ultratrail où je reviendrai ! J'espère vous avoir satisfait au cours de ces derniers mois en partageant au maximum avec vous ma préparation pour cette aventure. Je vous dis à très bientôt pour de nouveaux objectifs en 2019. En attendant, le blog va reprendre son côté blog avec des tests produits, des découvertes, des points de vue, des conseils, etc...
Jerem Runner